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Les seins d'Emmanuelle

Infos pour transcender un cancer du sein

L'esprit de la guérison

Etre à l'écoute de son corps, dialoguer avec son esprit et son âme, tout un programme. Photo E. Fère

Intuitivement, nous savons ce qui nous fait du bien. Les aspects psychologiques et spirituels de la guérison sont peu abordés lors du traitement de la maladie, de même que le facteur psychologique dans le déclenchement d'un cancer du sein. Ce facteur psychologique est tenu dans l'ombre alors qu'il ''parle'' à de nombreux malades qui ont constaté, dans leur vie, la succession de traumas... Et de tumeurs. Cette théorie du facteur psychologique est souvent combattue par les cercles institutionnels de la maladie, largement assis sur des théories neurobiologiques. Penser le facteur psychologique n’est pas confortable intellectuellement dans notre époque technicienne, car elle met l’esprit aux manettes du corps (qui en doute encore?), au détriment des données quantifiables, vérifiables, maîtrisables, et suprême onction, scientifiquement prouvées.

Pourtant, le malade connaît souvent intuitivement les raisons qui ont pu bousculer une âme, un esprit et un corps au point de susciter une modification partielle de son fonctionnement cellulaire. Ainsi, lors de mes séances de chimiothérapie, je croise une connaissance. « Qu’est-ce que tu fais là ? La même chose que toi », me répond cette jeune femme, avant d’oser avancer : «  Tu crois que la tristesse peut provoquer un cancer ? » Elle évoque un deuil, suivi par une période de maltraitance au travail. Des souffrances qu’elle a vécues dans le silence. Étant comme spectatrice de son malheur. Elle conclut. « Je savais ». Le terrain était miné.

Suivi psychologique

La psychologie du malade n’est pourtant pas abordé par les oncologues. Notre médecine technicienne, chimique et mécanique a la prétention (ou plutôt l’inconscience et l’inconsistance) de réparer le corps sans l’esprit (et j’ose à peine écrire l’âme), et la partie sans le tout. Lors de mes parcours de soins, les questions psychologiques ont été abordées de façon marginale, notamment lors de consultations infirmières. Un suivi psychologique par un professionnel m'a toutefois été proposé, j'avais déjà trouvé une praticienne parmi mes amies, et qui m'a aidée. 

Au sein du service oncologie de la polyclinique où j'ai été soignée, j’ai pu discuter avec plusieurs infirmières, qui, grâce à leur fréquentation intime et bienveillante des patients, touchent du doigt les parts profondes, subjectives et essentielles du malade. L’une d’elles me raconte, tout en réalisant le protocole millimétré de la chimiothérapie, que les patients qui se battent contre la maladie, ou essaient de lui résister, la vivent très mal. Elle évoque le nécessaire changement de vie, ou tout du moins d’état d’esprit pour dépasser le mal que chaque organisme a construit. Et elle me parle de ce grand patron, qui depuis la maladie, ne rate plus un seul coucher de soleil...

''Parle à tes cellules''

La vie de l'esprit est donc peu mise en avant, et pourtant, pour le patient, quoi de plus rassurant que de savoir qu’il y a bien un pilote dans l’avion, qui n’est autre que lui, et donc que ce que l’âme, l’esprit et le corps ont créé de concert, ils peuvent contribuer à le défaire. Un ami, qui s’est relevé d’un cancer du foie très avancé me conseille : "Parle à tes cellules.’’ Il m’explique qu’il ne faut pas combattre, mais accompagner. Impulser. ‘’J’ai entendu Bernard Tapie qui dit tous les matins je casse la gueule à mon cancer, ce n’est pas ça.’’ Non ce n’est pas ça mon ami, tu prêches une convaincue. Il faut suivre le courant de la vie. Écouter les messages que nous délivre la maladie. Car le corps parle à notre place quand nous étouffons à l'intérieur de lui.

Lorsque la présence de la maladie est connue, un autre mode de vie se met en place. Hors du monde du travail. Je ne conseille à personne d’opter pour un temps partiel, pendant le traitement d'un cancer du sein, car le face face avec soi, dans l'amour, prend du temps. Le temps de la vie, des réflexions, des saisons, des petits pas, de la lassitude parfois, et certainement des grandes étapes. Accompagner de façon adaptée à ses besoins le traitement conventionnel (chirurgie, chimiothérapie, radiothérapie, etc.) est un ouvrage, voire une œuvre à plein temps. Le malade ne sait jamais si demain, ou même si dans une heure il sera fatigué, s’il aura envie de manger ou de jeûner, de dormir ou de marcher, de lire ou de prendre un bain. Il faut être tout à soi. 

Corps, esprit et âme

Le dialogue avec soi est d’abord un dialogue avec son corps. Ce corps qui a lancé un signal d’alarme, quitte à souffrir pour être écouté. Se connecter à ses sensations et satisfaire ses besoins est essentiel. Le corps a besoin de nous, qui l’avons parfois nourri avec un lance-pierre à l’heure du déjeuner, étouffé sous des montagnes de travail et de stress, méprisé en répondant aux injonctions d’un système de production et de consommation intenable. Parce que je me suis trop longtemps coupée de mes sensations et de mon corps, il est temps de m'en occuper. Une seule règle, tout ce qui fait du bien convient. Le beau, le bon, le sain :) Prendre le temps de respirer chaque matin. Ouvrir la fenêtre, regarder le ciel, écouter les bruits de la nature si elle n’est pas trop loin, se connecter à ce qui nous fait vibrer en marchant, observant, écoutant, etc. 

Cette écoute intime, attentionnée et aimante de soi est source de bienfaits. Elle implique de dialoguer avec son corps, et d'écouter son esprit et son âme. Corps, esprit, âme, la trinité de la santé en somme, constituant une ''écologie de la personne'' pensée dès le XIIe siècle par Hildegarde de Bingen, mystique allemande, médecienne, et artiste. Selon cette sainte et omnisciente religieuse, le corps ne saurait être en bonne santé sans harmonie avec l’esprit et l’âme, interdépendants. ''Le corps est l'atelier de l'âme où l'esprit vient faire ses gammes'', écrit la compositrice« Pour Hildegarde de Bingen, l’état naturel de l’homme est la santé (…) En reprenant sa place dans la création, en remontant à la source créatrice, l’être humain entre ciel et terre peut alors recouvrer la santé physique, psychique et spirituelle et rayonner dans la joie », écrit Audrey Fella dans ''Hildegarde de BIngen la sentinelle de l'invisible''. 

 

 

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