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Les seins d'Emmanuelle

Infos pour transcender un cancer du sein

A quels saints (seins) se vouer ?

La maladie peut être vécue comme une malédiction. Mais son chemin est source de connaissance de soi, et de joie, à condition de s'en remettre, dans tous les sens du terme.

Lors des traitements de mes trois cancer du sein, j'ai pu vérifier que la façon de vivre la maladie dépend grandement de l'état d'âme que l'on expérimente, et entretient. La première phase de maladie (deux cancers du sein en 2016) a été faite de ténèbres et de souffrances. Pourquoi ? Ces cancers me semblaient une injustice. Je n’acceptais pas. Je voulais en terminer au plus vite avec cette mise en retrait de la société, de la vie, de mon activité professionnelle. Six mois après, j'étais de retour au travail à temps plein. 

En 2019-2020, la deuxième phase de maladie a été beaucoup plus lumineuse, faite de multiples joies, de signes du destin, de mains tendues, mais aussi d'invitations à me prendre en main, et à cheminer vers moi. Cette période n'a pas été plus facile. Le traitement a été bien plus long qu'en 2016, et aussi marqué par la souffrance physique. Alors pourquoi avoir vécu différemment ces deux périodes d'épreuves ? Mon hypothèse est l’état d'âme dans lequel j’ai abordé la maladie.

Dans le sens du courant

En 2019, peut-être parce que l’injustice d’un 3e cancer du sein m’a parue encore supérieure à celle des deux premiers de 2016, et surtout implacable, j’ai eu le sentiment qu’il était vain de lutter, de se battre contre. Je me souviens avec exactitude du moment, où, après l’annonce de ce 3e cancer du sein, j’ai brièvement adressé un message à qui bien voulait l'entendre, dans ma tête. Quelques idées intuitives. Pas réellement un dialogue. Mais à cet instant, j’étais au coeur de ma vérité. 'Puisque c’est ainsi, faites de moi ce que vous voulez. Je m’en remets. "

J’affectionnais cette expression de prétoire, utilisée par les avocats dans les questions formelles pour signifier qu’il laisse au tribunal le soin de prendre la décision qui lui semble la plus adaptée. Ainsi, je signifiais à l'univers que je me laissais entraîner par le courant. Ne pas nager à contre-courant. A Dieu vat. Je renonçais à me battre (surtout contre moi), j’allais être à l’écoute. Lâcher prise. Accepter. Quel que soit le temps des soins. Il a été beaucoup plus long que je ne le prévoyais. Aussi, en 2020, j'ai été tentée d'aller plus vite que la musique. En voulant poser des projets avant d'avoir terminé mon traitement. La réponse de l'univers a été claire. NON. 

Chemin et ligne d'arrivée

J'ai appris qu'il convient de lâcher prise, soit accepter, se laisser guider par le courant. Ne pas nager à contre-sens. Ne pas se battre contre les évidences. Ne pas perdre d’énergie pour ce qui ne nous appartient pas, qui ne dépend pas de nous, sur lequel notre action n’aura pas d’effet. Soit tout le contraire de l’inaction. Mais une action dans le sens de soi, et à l’écoute de l’univers.

En matière de santé, comme en toute réalisation, le chemin compte autant que la ligne d’arrivée. Car dans sa durée, le parcours aura fait du coureur de fond une autre personne. Elle en sortira guérie parce que grandie et inversement. Et elle pourra continuer son chemin de façon constructive, épousant l’impermanence de l'existence. Quelques mois après que j'ai silencieusement prononcé le voeu de m'en remettre, un amie me fera remarquer la polysémie de l’expression ‘’s’en, remettre’’. Ainsi, ne dit-on pas de quelqu'un qui est guéri qu’il s’est remis ?

 

 

 

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