Lavage de 2e cerveau

Chacun sait désormais que l'intestin est notre 2e cerveau. Un nettoyage du côlon est  envisageable de façon prophylactique, et après la chimiothérapie.

Racine de la vie

L'humanité a parfois la sagesse de redécouvrir ce qu'elle sait depuis toujours, ou tout du moins ce qu'elle savait avant de placer l'activité cérébrale au centre du monde. Notre ventre, et l'univers qu'il renferme, constituent un biotope essentiel à la santé. Nutrition et assimilation des aliments, et aussi équilibre des émotions et santé mentale lui sont liés.

La symbolique du ventre est prégnante sous toutes les latitudes, et à toutes époques, comme le relève la Dr Ariane Le Louet, dans un article intitulé ''Le 2e cerveau''. Centre du Qi, l'énergie originelle en Chine, le ventre est le siège du secret et de la parole, de la douleur physique et morale chez les Gouro en Côte d'Ivoire et chez les Sérère au Sénégal.

Dans la mythologie indienne, l'intestin est considéré comme le lieu de l'âme, la racine de la vie. Enfin, la pensée grecque antique distingue la place essentielle du ventre dans le souffle, par son action conjuguée avec le diaphragme, dont le premier mouvement permet à la vie de commencer, et son dernier de mettre un terme à l'histoire de chacun. 

200 millions de neurones

On l'aura compris, l'analogie entre ventre et cerveau n'est pas seulement due aux similitudes entre circonvolutions de l'intestin grêle et de notre cortex cérébral. Le Pr Michael Gershon, auteur de l'ouvrage fondateur ''The second brain'' (Le 2e cerveau) en 1998, fut le Pionnier de la neuro-gastroentérologie. Directeur du département d'anatomie et de biologie de l'université de Columbia, à New York, il mis en lumière l'activité cérébrale et l'intelligence propre à nos intestins, et prouva notamment que 90% de la sérotonine, hormone essentielle pour la régulation des humeurs, dite hormone du bonheur, est produite et stockée par la paroi intestinale. 

Le rôle fondamental du ventre a fait l'objet de nombreux travaux de vulgarisation  Parmi ceux-ci, ''Le Charme discret de l'intestin'', paru en 2015 chez Actes Sud de la main de Giulia Enders, médecienne allemande. Dans cet ouvrage vendu à plus de 2,5 millions d'exemplaires, l'auteure met en exergue toutes les raisons d'aimer notre intestin, longtemps dédaigné, et les façons de le choyer. De même, Arte a diffusé, en 2014, le documentaire de Céline Denjean ''Le ventre, notre deuxième cerveau''. Cette enquête au coeur des plus de 200 millions de neurones connectés de notre ventre, explique notamment leur rôle dans l'apparition de certaines maladies. 

Nettoyer le terrain

Alors comment prendre soin de cet organe essentiel à l'équilibre et à la santé ? Par des comportements alimentaires sains, la réduction des facteurs de stress, des massages abdominaux, ou encore, des hydrothérapies du côlon. Les lavements intestinaux ont été pratiqués de tout temps, dans le but de purifier l'organisme des déchets et toxines stagnants, facteurs potentiels de fatigue, voire d'intoxication. Version moderne du lavement, l'hydrothérapie du côlon est proposée dans des cabinets spécialisés, selon une méthode douce, par l'action du trempage, et non par lavage ou par pression. Elle peut se pratiquer aux changements de saisons, comme ''décrassage'', et peut aussi venir au terme d'une période de chimiothérapie, si le patient en éprouve le besoin. 

L'hydrothérapie du côlon pouvant être cause de fatigue, il est conseillé d'attendre quelques semaines après la fin de la chimiothérapie pour se lancer dans une série de lavements. Trois séances espacées d'une semaine pourront alors être réalisées. Chaque séance est accompagnée d'un massage du ventre et dure environ une heure ; elle n'est pas remboursée.  Selon ses partisans, l'hydrothérapie du côlon est facteur de divers bienfaits : elle permet de gagner en vitalité et légèreté, de stimuler le système immunitaire, d'améliorer le transit intestinal et d'assainir le microbiote. Une fois le terrain nettoyé, il est possible réensemencer la flore intestinale par une cure de probiotiques, ces micro-organismes (levures, bactéries) indiqués après la prise d'un médicament susceptible de perturber la flore intestinale, comme c'est le cas de la chimiothérapie.