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Les seins d'Emmanuelle

Infos pour transcender un cancer du sein

Avec ou sans perruque ?

Avec ou sans perruque ?

J'ai ''testé'' deux fois la chute des cheveux. Avec et sans rasage, avec et sans perruque. Avantages et inconvénients de ces deux choix, très intimes. 

Ayant vécu deux chimiothérapies, j'ai connu deux fois le drame consistant à perdre mes cheveux, un des marqueurs culturels de la féminité. La 2e fois, mes cheveux étaient encore plus longs que lors de la première alopécie (quel vilain mot), soit 45 cm. Je savais déjà le temps (une petite éternité) que nécessiterait leur repousse, mais j'avais aussi compris que là n'est pas l'essentiel. Ce dépouillement est aussi un enseignement du caractère vain de l'apparence, et une invitation à cheminer vers soi sans artifice. 

CHOIX 1 : RASAGE-PERRUQUE

Avantages

Raser son crâne alors que le processus de chute de cheveux est déjà entamé permet de mettre fin au petit traumatisme quotidien des mèches qui restent dans la main, le fait de pouvoir réaliser des pelotes avec  ses cheveux n'étant pas forcément un hobby prisé. 

Le rasage assure un bon maintien de la perruque. Les patientes qui optent pour le port de la perruque plutôt que pour celui du foulard étant nombreuses, le rasage est donc une pratique répandue. La perruque semble aller de pair avec la ''panoplie'' de la malade : lorsque l'oncologue remet le parcours de soins à la patiente, il rédige une prescription pour un remboursement de cet accessoire par l'Assurance maladie à hauteur de 350 euros., depuis le 2 avril 2019, soit une bonne mesure. 

Après rasage, la repousse peut s'avérer plus homogène. Tel a été mon cas. Les cheveux ayant subi un rasage à un stade relativement peu avancé de l'alopécie, ils ont repoussé de façon uniforme, et drue, alors que sans rasage, deux ou trois zones ont été plus clairsemées pendant quelque temps, mais cet effet s'est progressivement estompé. Suite au rasage, mes cheveux avaient changé de couleur (noir au lieu de châtain) et présentaient une structure bouclée, qui a disparue au fur et à mesure des coupes. Mais précisons que ces deux modifications sont le fait de la chimiothérapie. 

Inconvénients 

Le port de la perruque peut s'avérer inconfortable, voire irritant, même dans le cas de matériel coûteux et de bonne qualité. Et en été, une perruque peut représenter un mini-supplice. Qui aurait l'idée d'opter pour un bonnet de laine en plein mois de juillet ? Ajoutons qu'une perruque, qu'elle soit en matière synthétique ou en cheveux naturels nécessite un entretien. Procéder au shampooing de sa perruque dans le lavabo de la salle de bain peut s'avérer un rituel cruel lorsque l'on n'a plus un poil sur le caillou !

Autre inconfort psychologique possible du port de la perruque, le sentiment de ne pas être vraiment soi, de jouer un personnage. Opter pour un foulard, un turban, voire pour le crâne rasé (ce qui demeure un choix encore peu pratiqué) a le mérite de la vérité, aussi bien pour soi que pour son entourage. Une façon de dire ''Je suis malade en ce moment, je vis avec.''' Lors de ma 2e alopécie, j'ai ainsi opté pour le  port d'un turban, et je n'ai jamais croisé un regard malveillant, ou même scrutateur.

Le port de la perruque m'a aussi questionnée sur le poids de l'injonction sociale faite aux femmes de rester toujours impeccables, voire désirables, même en cas de danger de mort. Imaginons que toutes les femmes victimes d'alopécie suite à une chimiothérapie se promènent le crâne nu, dans la rue. Le choc ne serait pas seulement visuel. Il rendrait criante la vérité des statistiques. En France, une femme sur 8 sera frappée par le cancer du sein. Une catastrophe sanitaire qui met en lumière les dysfonctionnements de notre société : pollutions diverses , chimie omniprésente, stress, etc. 

CHOIX 2 : TURBAN-COOL

Avantages

Choisir de conserver ses cheveux peut constituer une option psychologiquement satisfaisante, car elle le mérite de l'indépendance de tout diktat d'apparence, et celle du respect de son propre tempo. La transition est plus douce jusqu'au stade, imparable, du crâne nu. Ainsi, lors de ma 2e chimiothérapie, j'ai conservé une partie de mes cheveux pendant plusieurs mois, en ajoutant d'abord un petit bandeau, puis un plus large, puis un foulard, et enfin un turban. Même lorsque la quasi totalité de ma chevelure a disparu, quelques mèches ont subsisté autour de mon visage, ce qui me donnait une apparence nettement moins maladive. 

On lit souvent que durant la chimiothérapie, il faut laver ses cheveux avec un shampooing très doux. J'ai commis l'erreur de le faire alors que mes cheveux commençaient à tomber, et j'ai récolté ainsi mes premières mèches. Alarmée, j'ai pris la décision de passer en mode rasta, ce qui est une expérience sympa. Pendant plusieurs mois, je n'ai pas lavé mes cheveux, et de fait, même si une couronne est tombée autour de mon visage, une bonne partie de ma chevelure s'est agglomérée façon Bob Marley et m'a tenu chaud durant tout l'automne, avec des bandeaux. 

Inconvénients

Faire le choix d'un crâne sans cheveux, uniquement protégé par un turban ou un foulard plutôt qu'une perruque peut s'avérer un peu frisquet en hiver. N"oublions pas qu'avant d'être un atour célébré par le poète, la chevelure est une protection de la nature contre le chaud, le froid, les chocs, etc. Durant les frimas, pour éviter les rhumes, il est plus sage d'adopter une double protection, en ajoutant un bonnet en laine à son turban en sortant. 

Mes cheveux ont repoussé de façon plus hétérogène que lorsqu'ils avaient été rasés, mais ce désagrément n'a pas été visible que durant un mois environ). Le temps m'a semblé plus long entre la première pousse et la présence d'une chevelure ressemblant à une coupe que lorsque j'avais rasé mes cheveux. Et je n'ai heureusement pas écouté le conseil approoximatif d'une socio-esthéticienne, qui voyant ma première repousse, m'avait indiqué que sans rasage, le cheveu ne repousserait pas correctement...

La repousse différente sans rasage a plus probablement été causée par la chimiothérapie que par l'absence de coupe radicale. Lors de cette 2e repousse, j'ai aussi constaté que le traitement a causé une pigmentation disparate de mes cheveux, une résultante notoire de la chimiothérapie, heureusement temporaire. Pour y remédier rapidement, j'ai appliqué une coloration végétale (henné) 100% bio, de la marque Khadi. 

 

 

 

 

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